Article publié dans Infor-Quartier 2020 nº3
« Il était une fois un lieu charmant juste à côté de chez vous. Un endroit où vivaient dans l’insouciance des gens de tous les âges et de toutes les origines. Cet endroit, c’était le boulevard Clovis, tellement bruxellois avec ses élégantes façades et sa berme centrale verte et fleurie. Mais un jour, tout bascula ! D’un coup de baguette magique, le boulevard fut éventré tel un vulgaire poisson que l’on s’apprête à vider et un projet de réaménagement rompant radicalement avec la situation ancienne fut présenté aux riverains. N’ayant rien vu venir, ces derniers prirent leur courage à deux mains et se mirent en quête de sauver ce qui pouvait encore l’être de leur précieux boulevard. »
Voilà, en grossissant à peine le trait, ce qui se passe actuellement au boulevard Clovis.
Le dossier est extrêmement compliqué. Il s’agit d’un réaménagement de façade à façade de tout un boulevard. Il serait totalement vain de vouloir le résumer en une page. Que peut-on dire alors pour faire comprendre au lecteur le malaise des habitants ?
- Les nuisances provoquées par les travaux sont colossales. Le bruit des grues et des marteaux piqueurs raisonne dans la tête des riverains depuis des mois et pour encore au moins un an et demi.
- Les habitants n’ont pas été consultés pour le projet de réaménagement. Ce n’est qu’une fois la demande de permis d’urbanisme déposée que la Ville a organisé deux réunions préparatoires à l’enquête publique. Quand tout est déjà décidé, peut-on encore parler de participation ?
- Le boulevard Clovis présentait une importante valeur patrimoniale. Il offrait une continuité harmonieuse au Square Ambiorix jusqu’à l’ancienne gare de Saint-Josse. Le quartier Nord-Est va perdre irrémédiablement une partie de sa cohérence et de son cachet.
- Enfin, le projet de réaménagement, outre la question patrimoniale, présente de nombreux problèmes et incohérences comme la position du RER vélo devant des sorties d’écoles et des bulles à verres, la suppression de plus de 800m² de verdure au sol, le cloisonnement de la berme centrale et bien sûr, la création de 200 mètres de bancs qui entraînera d’inévitables nuisances sonores et compromettra le caractère résidentiel du boulevard.
Le lecteur qui partage avec nous ce quartier resterait-il passif face à cette situation ?
Tout n’est pourtant pas mauvais dans le projet et il est clair que la chaussée et les trottoirs avaient grandement besoin d’un coup de neuf. Adapter un boulevard dessiné à la fin du XIXè siècle aux exigences de la vie actuelle fait partie du cours normal des choses. Une piste cyclable ? Bien sûr ! Mais qu’elle soit mise au bon endroit. Pour les arbres, même chose !
Comment pourrions-nous alors terminer cette histoire ?
« Les vaillants habitants, avec pour seules armes leur ténacité et leur nombre, réussirent enfin à faire prendre conscience à la Ville que leur point de vue était raisonnable et que le projet devait être repensé. Un compromis fut trouvé entre adaptation et préservation. Le boulevard fut sauvé du saccage patrimonial et fut transmis aux générations suivantes. Depuis lors, les chantiers d’une telle ampleur font systématiquement l’objet d’un processus participatif comme cela avait été annoncé dans les prophéties pré-électorales. FIN »