Imaginez un promoteur immobilier qui diffuserait des images non-représentatives de son projet durant l’enquête publique. Qui renverrait les personnes intéressées vers un site internet proposant une présentation très orientée au lieu de rediriger vers les documents officiels soumis à l’enquête. Trouveriez-vous ça loyal?
Et maintenant, imaginez que ce promoteur soit une autorité publique et qu’elle utilise ce statut pour diffuser ces informations. C’est exactement ce que fait en ce moment la Ville de Bruxelles concernant le projet de réaménagement du boulevard Clovis.
Commençons par l’image qui a été diffusée sous forme de carte postale dans les boîtes aux lettres du quartier et qui sert d’illustration à tous les articles dans la presse. Il vous suffit de la comparer avec le plan du projet.
La première chose qui choque est l’absence des cheminées d’évacuation au centre de l’allée centrale. Elles feront pourtant 1m40 de haut : impossible de les manquer. Ensuite, le banc sur la gauche ne correspond en rien à la réalité puisque le projet prévoit un banc au moins 4 fois plus grand à cet endroit avec la même configuration en vis-à-vis. Il serait plus juste de parler de gradins.
Enfin, de manière générale, les proportions ne sont pas respectées et donnent l’impression d’un boulevard vert alors que la surface végétale au sol sera réduite de 1000m².
Concernant le site web, aucun mot sur la question du patrimoine alors que le projet a déjà été rejeté par la Commission royale des monuments et sites et par l’ARAU. Pas un mot non plus sur les 200m de bancs qui provoqueront des nuisances sonores démesurées le soir. Le square Ambiorix adjacent est pourtant le théâtre de débordements chaque soir d’été. On n’y parle pas non plus de la minéralisation/bétonisation. Evidemment, il n’est pas renvoyé aux documents officiels.
Au mieux, diffuser de fausses informations (l’image) et des informations partiales (le site) peut être considéré comme un manque de loyauté de la part de la Ville. Au pire, elle compromet le bon déroulé de l’enquête publique et le contrôle démocratique qui doit être effectué à ce stade