
Résumé
Ce lundi 2 mars (2020) à 17 heures a eu lieu une interpellation citoyenne du Conseil communal de la Ville de Bruxelles.
Lors de cette interpellation, une habitante du boulevard Clovis a interrogé les autorités communales au sujet du projet de réaménagement du boulevard Clovis et plus particulièrement concernant l’absence de participation citoyenne dans son élaboration.
En effet, malgré les engagements politiques pris par la majorité en matière de participation (voir annexe), le chantier colossal qui durera plus de deux ans et les changements profonds que subira le boulevard, les habitants n’ont pas été consultés.
Les habitants du boulevard Clovis signataires de cette interpellation ont donc demandé à la Ville :
- D’organiser dans l’urgence une consultation participative afin d’intégrer leurs demandes au projet et de trouver une solution qui convienne à chacun.
- D’honorer ses engagements politiques en matière de participation
Dans sa réponse, la Ville a confirmé sa position de ne pas organiser de participation. Nous vous invitons à découvrir les arguments de la Ville et la position des habitants.
Malgré l’interpellation des citoyens, la majorité PS/Ecolo/DEFI qui se définit comme progressiste s’entête dans son déni de démocratie
Comment garder confiance dans la politique, ne pas devenir malheureusement cynique et indifférent, pour reprendre les termes du programme de Change Brussels d’Ans Persoons, l’échevine en charge du dossier.
Résume des faits
En octobre 2019, Infrabel et la Ville de Bruxelles ont convié les habitants du quartier des squares à une réunion d’information présentant :
- le contenu et le timing des travaux du tunnel ferroviaire, boulevard Clovis, menés par Infrabel .
- le plan de réaménagement, pris en charge par la Ville de Bruxelles, du boulevard Clovis, sans qu’il n’y ait eu de concertation participative préalable avec les riverains.
Directement après cette réunion d’information, des résidents du boulevard Clovis, inquiets de l’aménagement de leur futur boulevard, se sont organisés. Une première lettre cosignée par 18 résidents exprimant leurs inquiétudes a été envoyée fin 2019 aux cabinets des échevins Persoons et Dhont
Le 14 janvier 2020, avec le comité de quartier (GAQ), une première réunion rassemblant une trentaine de résidents du boulevard Clovis a permis d’établir qu’une concertation participative était cruciale, le plan de réaménagement de la Ville étant problématique pour la majorité d’entre eux sur les aspects résidentiels, pratiques, patrimoniaux, esthétiques et paysagers.
Une deuxième réunion a été organisée par le GAQ deux semaines plus tard à laquelle ont participé : une trentaine de résidents du boulevard Clovis, et des représentants des cabinets des échevins concernés.
A l’issue de cette réunion, la Ville a clairement dit qu’elle n’engagerait pas de processus participatif pour le réaménagement du boulevard étant donné des impératifs de timing. Seul sera pris en compte l’avis des habitants dans le cadre de la procédure d’enquête publique, mais sans aucune garantie que cela soit effectivement le cas et avec de fortes craintes que les changements possibles en fin de processus soient très minimes.
Les résidents du boulevard Clovis sont aujourd’hui très mobilisés et rappellent que des travaux d’une telle ampleur, engageant le mode de vie résidentiel d’un boulevard et de tout un quartier, impliquent que soit respectée la participation citoyenne conformément à ce qui est prévu dans l’accord de majorité.
L’argument avancé par la Ville selon lequel les délais trop courts ne permettaient pas un tel processus n’est pas accepté par les habitants car la Ville savait que des travaux de réaménagement allaient avoir lieu depuis au moins septembre 2018, c’est-à-dire 15 mois avant l’introduction du permis d’urbanisme.
Enfin, le 2 mars a eu lieu une autre interpellation du Conseil communal concernant le projet de tram à Neder-Over-Hembeek, également sur le thème de la participation citoyenne, ce qui témoigne de la réalité du problème.
Texte de l’interpellation
Madame la Présidente,
Je porte ici la voix des riverains du boulevard Clovis.
Depuis le mois d’octobre, le Boulevard Clovis est éventré pour permettre à Infrabel de changer le toit du tunnel ferroviaire qui se situe en-dessous.
Ces travaux provoquent de très fortes nuisances pour les habitants :
- Réveil à l’aube à cause du chantier avec du bruit dans la rue dès 6h du matin.
- travail extrêmement bruyant et en continu jour et nuit pendant 10 week-ends.
- Importantes vibrations : les maisons tremblent et certaines se fissurent.
- Rue totalement bloquée à la circulation.
Ensemble, les chantiers d’Infrabel et de réaménagement de la Ville dureront probablement jusqu’à fin 2021, soit plus de deux ans de nuisances considérables.
Les travaux d’Infrabel sont d’intérêt général, et nous ne contestons pas leur utilité.Ce n’est donc pas cela qui nous amène, aujourd’hui. Nous sommes ici, face à vous, car au terme des travaux de réaménagement, c’est un boulevard qui ne convient pas aux habitants qui va nous être imposé, purement et simplement, par la Ville.
Avant d’en venir à la question de la participation, comme vous pourrez le voir sur les photos, permettez-moi d’abord de vous rappeler comment était le boulevard avant les travaux :
Au centre, il y avait une berme agrémentée de fleurs et de buissons, bordée de part et d’autre par des pelouses et des trottoirs. L’ensemble était aéré et harmonieux : il s’inscrivait parfaitement dans le patrimoine historique du quartier et était compatible avec le caractère résidentiel, calme et verdoyant du Boulevard.
Le projet ne s’écrit pas sur une page blanche. Les habitants aimaient ce boulevard et beaucoup l’avaient choisi comme cadre de vie. De façon unilatérale, la Ville prive ainsi les habitants de la jouissance du Boulevard et, de façon irrémédiable, va appauvrir le quartier au niveau patrimonial.
Concernant la participation, pour un projet dont le budget dépasse les 2 millions et demi d’euros et vu l’impact que le réaménagement aura sur leur qualité de vie, il est incompréhensible et inadmissible que les habitants n’aient pas été consultés.
Une simple réunion d’information en octobre 2019, à peine deux semaines avant le début du chantier, puis plus rien.
Les habitants se sont donc mobilisés : une première pétition a été envoyée aux cabinets des échevins concernés en décembre. Cette pétition demandait l’organisation d’une réelle
Réponse de l’échevine | Réaction des riverains |
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Le projet est un bon projet car il respecte les grands principes défendus par la majorité (principe STOP qui favorise les pistes cyclables, planter de nouveaux arbres, etc.) | La Ville affirme que le projet de réaménagement est en accord avec les grands principes défendus par la majorité concernant la mobilité et la verdurisation de l’espace public. Pourtant, la participation citoyenne est également un point central de l’accord de majorité qui mérite tout autant d’être défendu. Il serait possible d’intégrer les demandes de la Ville dans un projet qui respecte le bien-être des riverains et l’aspect patrimonial du boulevard Clovis. Malheureusement, ce compromis n’a jamais été cherché. |
Le projet se base sur l’avis rendu lors de la commission de concertation du 24 octobre 2018. | La Ville a parlé des avis rendus lors de la commission de concertation du 24 octobre 2018. Cet argument ne vaut pas car cette commission de concertation concernait les travaux d’Infrabel et non pas les travaux de réaménagement. Sur l’avis d’enquête publique, il était simplement marqué « renouvellement du tablier du tunnel et création de deux sorties de secours ». Les riverains ne pouvaient pas savoir qu’il s’agissait d’un réaménagement complet du boulevard. Les avis concernant le réaménagement doivent donc être écartés car ils dépassent totalement l’objet de la commission et l’immense majorité des riverains n’a pas pu s’exprimer lors de cette commission. De plus, la Ville a décidé d’ignorer l’avis de la Commission royale des monuments et sites remis dans le même cadre qui demandait : « une remise en état soignée de l’espace public, à l’identique de l’existant et la mieux intégrée possible eu égard au contexte patrimonial et paysager environnant ». La Ville refuse également d’entendre les avis des 50 signataires de l’interpellation. C’est un manque de partialité et de transparence. Il ne s’agit en rien d’une justification à l’absence de participation. |
La participation est impossible car les délais imposés par Infrabel sont trop courts. | Les riverains ont pris contact avec Infrabel. Comme cela a été dit, l’enquête publique pour les travaux d’Infrabel a eu lieu en octobre 2018. La Ville avait donc connaissance des travaux d’Infrabel au minimum 15 mois avant la demande de permis d’urbanisme pour le réaménagement. 15 mois, c’est suffisant pour prendre en compte la position des riverains. La participation n’est pas un vœu pieux. Elle doit se programmer et se vouloir. En matière d’urbanisme, il y a toujours des délais à respecter et la variable d’ajustement ne peut plus être, en 2020, la participation citoyenne. Le processus participatif aurait dû être lancé dès 2018 et ce n’est pas aux riverains de payer le prix |